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La "Tribune" de M. Orfanos sur la démocratie à l'U

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Message  Benoît Schramm Jeu 20 Déc - 22:40

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, je me fais le héraut de mon professeur de Grec ancien, M. Orfanos. Il m'a donné le droit de publier une "tribune", fort inspirée, je dois le dire. Elle date d'environ un mois, donc ne sourcillez pas à la mention d'"Université et démocratie".

¤¤¤

"Point de vue (?) Tribune (?)

Université et démocratie

En tant qu’helléniste et en tant que citoyen, je suis interpellé ces derniers temps par une surenchère de la partie modérément conservatrice de notre société sur le thème de la démocratie. Le terme est employé partout et par tout le monde, dans la rue, dans la presse et, singulièrement, dans les journaux télévisés. En ce qui concerne mon milieu professionnel, l’Université, la revendication démocratique prend un aspect qui me paraît particulièrement paradoxal : des groupes de pression, sous forme de collectifs d’étudiants et d’enseignants, se sont formés un peu partout en France pour exiger l’organisation par les administrations des Universités de scrutins à bulletin secret portant sur le mode de mobilisation de la communauté estudiantine. L’argument principal invoqué en faveur de ce mode opératoire est son caractère éminemment démocratique. Le-voici clairement et scientifiquement formulé par l’un des syndicats des personnels de mon Université :
« (…) la seule procédure connue et légitime est le vote à bulletin secret. Le vote, rappelons-le, est un mode d'expression individuel sous forme de droit légitime (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789), permettant à un groupe de personnes de prendre une décision qui les engage collectivement. Les décisions sont prises à la majorité, à l'intérieur d'une communauté d'électeurs inscrits sur des listes officielles. Au cours du XIXe puis du XXe siècle, en même temps que se consolidait la démocratie politique, se sont peu à peu établies les bases du suffrage universel et du secret du vote, garanti par l'usage de l'isoloir. Ce type de vote permet d'empêcher les pressions sur les votants. Les bulletins anonymes sont déposés dans une urne pour être dépouillés et comptabilisés une fois le vote terminé. Le dépouillement se fait en public et sous les yeux des assesseurs, afin d'éviter les fraudes. » (1)
En effet, cela tombe sous le sens : « Curieux démocrates ! », ironisait un journaliste de France Inter, en commentant une décision de la Coordination nationale étudiante de Tours condamnant les votes à bulletin secret.
Je voudrais pour ma part rappeler une autre évidence, peut-être moins évidente pour certains : la démocratie, « pouvoir du peuple », telle qu’elle était pratiquée à Athènes, au Ve siècle avant notre ère, était fondée sur la « liberté de langage et d’opinion » exercée par « tout citoyen qui le souhaitait », au sein d’un organe collectif souverain, l’Assemblée du peuple (Ecclésia toû dèmou). Liberté d’y participer ou non, absence de quorum (sauf en quelques rares occasions), et vote à main levée sont les caractéristiques les plus importantes de cette instance délibérative. La logique du système est simple : l’assemblée du peuple ne représente personne ; elle est le peuple en action. C’est ce qui fait la différence entre une démocratie et une république. Dans une démocratie, le peuple exerce le pouvoir par son implication directe et quasi permanente. Dans une république, il le délègue librement, par les moyens invoqués dans l’extrait cité plus haut. Après la Révolution de 1789, et surtout pendant les premières décennies du XIXe siècle, il y eut en France un vif débat théorique où les deux régimes furent systématiquement comparés, sans jamais être confondus. La conclusion fut alors que l’hyperactivité politique des Anciens n’était pas du goût des Modernes, qui préféraient, eux, jouir de leur propriété et vivre tranquilles, loin des tracas de la politique, une fois qu’ils avaient élu leurs représentants. Il va de soi que, pour jouir de sa propriété, il faut en avoir une, et que, par conséquent, la France qui pensait ainsi était la « France d’en haut ». Mais il est tout aussi vrai que, malheureusement, on n’a pas trouvé mieux que la république depuis. Deux siècles se sont écoulés, pendant lesquels des « doses » de plus en plus importantes de démocratie furent injectées dans le mode de fonctionnement formel ou informel de la République. Ce fut le résultat de « luttes », « acquis sociaux » et autres abominations que la pensée unique actuelle tente de discréditer. Mais je croyais naïvement que cette question-là, la question de la démocratie, était résolue. Que nous étions tous conscients de vivre dans une république, par ailleurs exemplaire pour le bon fonctionnement de ses institutions (ayant passé les premières années de ma vie dans la Grèce des colonels, je peux en témoigner), mais pas dans une démocratie ! Je croyais que par « démocratie », nous entendions les différentes « libertés » déviantes, certes, par rapport au système représentatif, mais toujours tolérées, comme des garde-fous officieux, non institutionnels, de nos institutions.
Parmi les petites folies démocratiques tolérées jusqu’ici par notre république, les fameuses AG des étudiants. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’urne devant la tribune qu’elles sont moins démocratiques que d’autres. Elles ne sont pas moins démocratiques que d’autres parce qu’elles seraient moins représentatives ; une fois de plus, je n’ai jamais vu de Khmer rouge garder les portes de nos amphis pour empêcher les opposants à la grève de s’y introduire. En revanche, j’ai vu souvent des étudiants, toujours minoritaires, occupés à leurs jeux vidéo le temps que les débats finissent, pour enfin voter « non » aux piquets de grève. Et j’ai vu aussi autre chose : j’ai vu que, tous les jours, le Ministère comptait soigneusement les facs bloquées. Non pas celles qui débattent, qui revendiquent ou qui contestent la loi LRU, mais celles qui sont bloquées. Alors, oui, je suis solidaire des étudiants en lutte. Parce que je pense que le texte voté en août dernier est un mauvais texte et que, malheureusement, c’est là le seul moyen de le dire de façon audible. Les étudiants qui occupent leurs Universités ne sont pas tous des gauchistes écervelés, ils sont pour la plupart inquiets de leur avenir et de l’avenir du pays ; et ils n’ont pas tort. Je ne fais pas de l’angélisme, je sais bien que des pressions peuvent s’exercer au sein des AG, que des méthodes dilatoires alourdissent l’atmosphère des amphis et que les garanties sont médiocres, mais, enfin, une fois de plus, on n’a pas trouvé mieux ! Les « consultations » à bulletin secret organisées par nous, leurs aînés, leurs profs et souvent leurs mentors, sans débat préalable, avec la consigne implicite et parfois explicite de voter contre le blocage, ne sont ni plus démocratiques que leurs votes à main levée, ni plus impartiales, ni plus légitimes. Elles sont juste des résurgences intempestives du vieux débat dix-neuvièmiste dont je parlais plus haut.
Pour l’anecdote : le seul vote à bulletin secret que les Athéniens eurent l’idée d’organiser portait sur l’ostracisme, expulsion arbitraire (sans délibération), de citoyens jugés dangereux pour le régime démocratique. Or, ces scrutins parfaitement conformes à nos standards sont les seuls votes de cette époque sur lesquels pèse un soupçon de fraude ou de tentative de fraude électorale : en 1937, un archéologue américain a découvert dans un puits au pied de l’Acropole 190 ostraca (tessons de vase servant de bulletins de vote) où le nom de Thémistocle avait été gravé par seulement 14 mains différentes…

(1) « Bulletin secret ? », texte du SGEN-CFDT paru sur le site Internet de l’Université de Toulouse II – Le Mirail (http://www.univ-tlse2.fr/, Espace « Expression libre sur le mouvement LRU »).


Charalampos ORFANOS, MCF, Département de langues et littératures anciennes, Université de Toulouse II – Le Mirail"

Benoît Schramm
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Message  Julius Evola Sam 2 Fév - 3:19

Il me semble que Mr Orfanos à une vision trés teintée d'anachronisme. Néanmoins, je suis d'accord (en partie) avec Mr Orfanos, le fossé qui sépare notre démocratie de la démocratie athénienne est énorme, ne serait-ce par un fameux adage qui dit si mes souvenirs sont bons, au V° siècle av. JC, "Nul n'est censé ignorer la loi", les magistrats étaient tirés au sort, les bouleutes, ainsi que les membres de l'Héliée, tout citoyen était obligé de participer aux affaires politiques de la cité. Dans nos démocraties modernes, on donne un mandat, on se décharge de la chose publique pendant 5 ans (pour les éventuels Rousseauïstes qui traineraient dans le coin -et je n'en suis pas- Rousseau disait : "les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils élisent des représentants tous les cinq ans mais ils ne sont libres qu'un jour tous les cinq ans : le jour de l'élection"). Aristote disait "Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu'un qui est capable de gouverner et d'être gouverné". Mais la triste réalité c'est qu'aujourd'hui sur les quelques milions de français qui rentrent regarder "plus belle la vie" chaque soir, combien sont en mesure de gouverner ? Pas beaucoup, car en plus de la complexification de la politique dans le domaines par exemple de l'économie, on tant à une dé-politisation des individus, à vouloir les faire rentrer dans tous ces moules de la contre-éducation politique que sont les étiquettes, gauche ou droite, ps, ump, pc, mpf ...
Là ou je ne suis plus d'accord avec Mr Orfanos, c'est qu'il semble pour sa part défendre le blocage comme action de "révolte" contre une démocratie biaisée. Il me semble que bloquer une fac, et pour 5% du personnel se déclarer en grève alors que leur grève ne paye pas, c'est un acte de brisseur de révolte. C'est un acte qui tant à la normalisation, ou pire, à la décrédibilisation de tout acte de révolte d'où qu'il émane. Une trop grande majorité de ceux qui se déclarent en lutte contre une loi sont des individus dont la pensée est elle même biaisée par une idéologie alors que ça devrait être le contraire, la pensée ne devrait pas voir jour par le prisme idéologique, mais l'idéologie, celle de chacun, naitre par la réflexion. Ces petits révoltés de l'arche sont des Croyants, ils adhèrent à beaucoup de chose par principe, sans savoir à quoi ce rapporte ce à quoi ils adhèrent (le plus banal exemple est celui de leur accoutrement, nombreux ont un keffieh sans savoir ce que cela signifie). -Attention, je ne dit pas qu'il n'y a pas la même chose chez les gens de liberta farc, simplement il me semble pas qu'il y en ai beaucoup ici donc je ne m'adresse pas à eux - Ces mêmes personne qui plus tard, leur pensé (ou non-pensé ?) ayant évolué uniquement à travers du prisme idéologique se trasformeront en petits bobos, pouvant en toute allégresse se masser la pense, que ce soit sur une estrade ou derrière un bureau, pour certain se contentant de ce dire "Wahou quand j'était jeune, j'ai fait quelque chose", d'autres agissant à leur mesure, en se déclarant en grève dans une de ces nombreuses grèves universitaires qui ne coutent rien au gréviste ...
Le blocage me semble pas un acte de révolte. L'acte de révolte (et non de révolution, car là, je cite Netchaïev "Le révolutionnaire est un homme condamné d'avance : il n'a ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments ni attachements, ni propriété, ni même de nom. Tout en lui est absorbé par un seul intérêt, une seule pensée, une seule passion - la Révolution" ), l'acte de révolte donc serait donc d'adopter une attitude plus constructive, celle qui tendrait à faire de la reflexion personnelle une préface à l'idéologie, que chaque idéologie devienne personnelle puisque teintée de la reflexion de chacun, pour qu'ensuite un changement de fond puisse s'opérer (une petite guerre civile entre intellos Laughing ?). Pour ça que je salue votre idée de revue (sans pour autant adhérer, j'imagine, à une grande partie de son futur contenu), avec la modeste mise en garde : évitez de rentrer dans la caricature.

sur ce, bonne nuit à tous.
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Message  Clément Ollivier Sam 2 Fév - 14:08

d'accord avec certaines de choses que tu dis, mais je préfère le raisonnement de Mr Orfano, il a l'avantage de ne pas stigmatiser, de réfléchir par concept et non par figures. Trop facile de généraliser comme tu le fais, et finalement tu n'as que la généralisation pour toi. Par contre ce que tu dis sur la croyance est juste, mais ce n'est pas nouveau, tout le monde sait que dans la sphère politique ne règnent pas les syllogismes et il n'y a pas de quoi s'en alarmer, qui dis croyance ne dis pas forcément inquisition, qui dis croyance dis organisation collective, et une idéologie personnelle comme tu as l'air d'en rêver est une contradiction in adjecto. En fait je crois que tu n'as pas compris le texte, Orfanos ne défend pas le blocage comme révolte contre une démocratie biaisée, mais il défend le blocage comme unique moyen concret d'instaurer un espace de parole et d'échange sur la loi, espace justement démocratique car délimité et approprié par les gens. La démocratie dont il parle contient en elle toujours la possibilité du désordre, des "petites folies" plébéiennes, que justement on veut nous inderdire.
Bref (car il y aurait beaucoup plus à dire) on peut dire de toi ce qu'on disait de la loi morale de Kant : tu as les mains propres mais bon...

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Message  Windreaver Sam 2 Fév - 14:32

Par contre ce que tu dis sur la croyance est juste, mais ce n'est pas nouveau, tout le monde sait que dans la sphère politique ne règnent pas les syllogismes et il n'y a pas de quoi s'en alarmer, qui dis croyance ne dis pas forcément inquisition, qui dis croyance dis organisation collective, et une idéologie personnelle comme tu as l'air d'en rêver est une contradiction in adjecto.

<< Tout désespoir en politique est une sottise absolue. >>

Moi je crois qu'au contraire, il y a de quoi s'alarmer. Etant donné que le but de la politique est la prospérité de la Cité, un minimum d'injustice et la protection des citoyens, l'un des outils doit être la raison. D'ailleurs le syllogisme est formel, ce n'est pas ça qui compte pour faire de la politique, c'est de calculer les choses en fonction des biens prodigués (ce que ne sait visiblement pas faire sarko, et plus généralement toute démocratie politique et nationale).

En fait, ton texte est proprement effrayant et transforme la politique en une guerre idéologique d'aliénés; droite UMp contre gauche PS; combat de rue anar contre fascistes...

Je ne crois pas non plus qu'une idéologie personnelle soit impossible ou contradictoire. Sauf qu'évidemment, être singulier, ce n'est pas donné à tout le monde en cette époque de massification. Être singulier, cela se gagne; façonner sa propre réflexion, cela demande de l'effort, pour commencer rejeter la plupart des choses qu'on nous inculque à l'école ou dans le 20 Minutes le matin. Mais je ne vois pas en quoi c'est impossible d'avoir une pensée purement personnelle.
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Message  Julius Evola Sam 2 Fév - 15:09

Windreaver a écrit:
<< Tout désespoir en politique est une sottise absolue. >>

Moi je crois qu'au contraire, il y a de quoi s'alarmer. Etant donné que le but de la politique est la prospérité de la Cité, un minimum d'injustice et la protection des citoyens, l'un des outils doit être la raison. D'ailleurs le syllogisme est formel, ce n'est pas ça qui compte pour faire de la politique, c'est de calculer les choses en fonction des biens prodigués (ce que ne sait visiblement pas faire sarko, et plus généralement toute démocratie politique et nationale).

En fait, ton texte est proprement effrayant et transforme la politique en une guerre idéologique d'aliénés; droite UMp contre gauche PS; combat de rue anar contre fascistes...

Je ne crois pas non plus qu'une idéologie personnelle soit impossible ou contradictoire. Sauf qu'évidemment, être singulier, ce n'est pas donné à tout le monde en cette époque de massification. Être singulier, cela se gagne; façonner sa propre réflexion, cela demande de l'effort, pour commencer rejeter la plupart des choses qu'on nous inculque à l'école ou dans le 20 Minutes le matin. Mais je ne vois pas en quoi c'est impossible d'avoir une pensée purement personnelle.

rien a rajouter !
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Message  Clément Ollivier Sam 2 Fév - 16:17

On ne peut pas réduire "idéologie personnelle" à "singularité" et à "pensée personnelle", le concept d'idéologie à une histoire (récente) et un sens très précis, les concepts de singularité et de pensée une autre histoire (millénaire) et un autre sens. Ce qu'il y a dans le 20 minutes ou dans ton manuel de CM1 est à caractère idéologique, représentation de classe (dominante) ou vision du monde partagée, rien à voir avec de la pensée. Or tu fais glisser ce que je dis : toute idéologie est collective et toute collectivité est idéologique, vers autre chose : il n'est pas possible de penser par soi-même. Pas besoin d'en dire plus, avant de réfléchir par soi-même il faut déjà bien lire et ne pas déformer.

Pour ce qui est de ma soit-disante transformation du politique : il y a effectivement un caractère proprement polémique de l'idéologie (mais un polémos symbolique, je n'ai pas parlé de guerre ni de combat merci), le temps présent se définissant comme pacification du domaine politique sous ce qu'on appelle un consensus ou une pensée unique qui n'est justement pas de l'ordre de la pensée mais encore de l'idéologie (ou même de l'iconologie voire de la publicité). Mais ce n'est pas cela l'important, puisque je veux bien assumer sans problème que le politique soit affaire de polémiques idéologiques (ce qui s'est très bien vu au Mirail : "Vous les fascistes, les défenseurs de l'ordre établi, les chiens de garde" contre "Vous les véritables fascistes, les staliniens, les anti-démocrates"). Reste que je me garderais bien de réduire la politique à la binarité dont tu m'affubles, et surtout pas en terme anar/facho, UMP/PS. Je pense que justement le texte de Mr Orfanos avait le mérite de déplacer ces oppositions vers autre chose, vers l'idée en somme d'une démocratie comme pouvoir des gens à politiser des lieux dépolitisés, comme effraction dans la république d'un discours d'incompétents plébéiens que justement l'ordre oligarchique craint.
A partir de ton alarmisme contre ce fait intolérable que les polémiques idéologiques régissent le politique tu soulignes la nécessité de penser par soi-même et (en gros) d'avoir une réflexion critique. Mais ceci n'a plus rien de politique, comme tu définis ce terme. Ca, ça s'appelle une position éthique (et j'ai envie de dire une éthique intellectualiste mais je ne permettrais pas, en fait c'est plus notre ami Julius), basée sur la résignation.
Alors deux choses : 1/ avoir une réflexion personnelle et être "singulier" c'est bien beau, mais ça fait pas avancer l'affaire, et c'est un déni complet de la spécificité du politique qui, je suis désolé, est une chose qui se fait à plusieurs, et pas tout seul dans son coin, aussi singulier qu'il soit. 2/ l'action pense aussi, et bien mieux que les textes, la main sur le front, les fesses plates. Après je comprend que l'"engagement" fasse peur, car c'est une "aliénation" qu'il faut pouvoir supporter, ce sont des erreurs qu'il faudra assumer. Pour reprendre ta superbe formule quasi-élitiste : "ce n'est pas donné à tout le monde" car cela mobilise des énergies largement mieux employées dans notre petite sphère personnelle.
Bref, je me demande finalement où est le désespoir... J'aimerais faire une distinction qui me semble importante (et qui n'est pas de moi) entre le et la politique. La politique étant l'ensemble des pratiques, des discours, des moyens d'organisation qui visent comme tu dis un bien commun. Les acteurs sont d'accord sur la fin visée mais pas sur les moyens. Le politique serait la logique qui sous-tend ces pratiques, c'est-à-dire le domaine de la politique comme ensemble délimité sur lequel on peut avoir un discours. Si donc en politique (la politique) la croyance est de règle en dernière instance et non un savoir universel indubitable (ce qui se comprend très bien puisqu'on est dans le domaine pratique des actions à mener pour atteindre un but défini, alors, à part la loi morale kantienne...) cela ne veux pas dire que l'on puisse avoir un discours raisonné sur ces mêmes pratiques et sur la logique qui les sous-tend. Que ce discours soit réaliste, ou désespéré si tu veux, n'enlève rien au fait que quand on agit, qu'on s'engage dans un groupe politique idéologiquement organisé, on fait acte de foi, on est dirigé par l'espoir. Ta citation est tout à fait juste, mais s'applique aux pratiques politiques et non au discours sur le politique. Quand je manifeste je ne suis pas désespéré, je fais parti d'un collectif mené par une idée commune à laquelle chacun adhère par un acte de foi. Quand je réfléchis la main sur le front et les fesses plates sur le politique, je ne peux que constater qu'il n'y a pas d'action politique, pas d'organisation collective, pas d'adhésion partisane sans un acte de foi. Mais quand je fais ça c'est plus de l'idéologie, c'est de la théorie. Voilà donc je pense que tu confonds beaucoup de choses, et qu'il faut faire attention. Je pense aussi que comme notre ami Julius tu as les mains propres, forcément. Il y a un livre d'Althusser qui est un classique : "idéologie et appareils idéologiques d'état". Moins connu, Debray a écrit une "Critique de la Raison politique" qui reste très accessible, ça évite de faire des contre-sens grossiers. Sinon il faut revenir à Marx, bien sûr. Les distinctions que font ces auteurs peuvent vous éviter de dire n'importe quoi.

Clément Ollivier
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